Saisissons-nous de la pause méridienne !

Le 06/01/2021

La pause méridienne, un service social et civique 

Faire de ce moment fondamental...

 

Si le rôle et l'importance de la restauration scolaire ne sont plus à prouver auprès des citoyens, des parents d'élèves, ils sont, comme le rappellent les nouveaux protocoles mis en place début novembre, « fondamentaux » pour le Ministère de l'éducation nationale. Ses dimensions « sociales et éducatives » contribuent « à la réussite des élèves ». Certains élus sont conscients que ce service ne doit pas se limiter et ne se limite pas à la production et à la distribution de repas, mais doit prendre en compte l’ensemble des deux heures de la pause méridienne, comme un service social et civique, comme le souligne le maire de Sceaux, Philippe Laurent, également secrétaire général de l'Association des Maires de France : « Il faut expliquer sans cesse que les collectivités proposent un service, non seulement dans la fourniture d'un repas mais aussi dans l'encadrement de celui-ci. L'organisation de ce repas intègre une période de deux heures que l'on appelle la pause méridienne, orchestrée par des agents commandités par la commune. Il faut également rappeler que son organisation et son financement sont entièrement à la charge de la commune. Et cela n'est pas toujours compris par les familles. »

Pire, « nous constatons que ce moment, cet entre-temps scolaire est ignoré dans sa globalité, inconnu, voire négligé non seulement par les parents d'élèves mais aussi par le ministère de l'Education nationale. Il est réduit à la fourniture d'un repas. »

... un temps éducatif

Quel rôle ont les collectivités dans ce modèle de restauration collective ? L'Autre Cuisine et Cantines Responsables en parlent le 2 mars, de 17 h à 18 h 30, lors du webinaire Défis & Controverses sur "Le rôle des collectivités dans la restauration collective". Inscription gratuite et obligatoire.

Le travail engagé à Sceaux depuis de nombreuses années est de faire du temps du repas un temps éducatif insistant entre autres sur les notions de gaspillage alimentaire et d'éducation alimentaire, mais plus encore, de faire de la pause méridienne un temps de transmission, d'échange, de partage, un temps collectif élargissant la perspective éducative à l'action civique et culturelle. Car des intervenants extérieurs, rémunérés dans ce cadre, sensibilisent pendant ce temps périscolaire les enfants à la musique, à la lecture…

« Passer d'une semaine du goût par an à du goût toutes les semaines »

 

Nul doute, les collectivités doivent s'en emparer. Mais à quel prix ?

« Le coût de la pause méridienne, tout compris, est au-dessus des 10 € pour la commune de Sceaux, et nous facturons ce service aux parents - en fonction du quotient familial - entre 0,74 et 8,64 € », précise le maire. Pourtant, Phillipe Laurent souligne qu'il faut toujours rappeler, expliquer la valeur de ce service aux parents. « L'évaluation des coûts ne doit pas se réduire aux coûts des denrées alimentaires avec une petite marge comme dans les restaurants. Il faut rappeler que le service fourni par la collectivité comporte non seulement le service et l'encadrement du repasson rôle le plus fondamental, mais aussi l'encadrement et les animations lors de la pause méridienne. »

Et le maire de souligner : « Nous captons plus de 80 % des enfants et nous employons un coordinateur qui structure cette pause méridienne. » Parmi les animations, la sensibilisation voire l'éducation au goût. Pour Emilie Prévost, adjointe au directeur du Pôle Famille et solidarité à Sceaux : « Nous sommes passés d'une semaine du goût par an à du goût toutes les semaines, tout au long de l'année» Et le Maire d'insister : « Nous préférons parler de la globalité de la pause méridienne, et nous la définissons comme un "continuum éducatif". Ainsi, nous pouvons la mettre à profit grâce à la collaboration étroite des chefs d'établissements. »

Des initiatives localisées

 

Les programmes scolaires mettent près de 15 ans à intégrer de nouvelles matières. Alors bravo aux collectivités qui prennent en compte et mettent en œuvre, sans attendre, une approche pédagogique de domaines désertés dans le temps scolaire. De toute évidence, et dans la mesure du possible, les élus doivent s'emparer de ce levier d'action, mettre à profit la globalité de la pause méridienne pour valoriser leur action politique, leurs investissements dans le cadre scolaire. Cela doit commencer par une implication et une application rigoureuses dans la gestion de la restauration scolaire, ainsi qu’une étude précise des coûts. Dans l'espoir que ce service devienne une ressource et non une charge, comme le souligne l'association Cantines Responsables.


 
Maire de Sceaux depuis 2001, Philippe Laurent s’engage dans la vie politique locale dès 1977 en tant que conseiller municipal à la ville de Sceaux, puis adjoint au maire en 1983. Il a également siégé au conseil général (actuel conseil départemental) des Hauts-de-Seine de 1998 à 2011. Il est élu conseiller régional d’Île-de-France en décembre 2015, puis nommé délégué spécial au suivi du Grand Paris express en mars 2018. Depuis 2016, il est vice-président du terr
itoire Vallée Sud - Grand Paris (VSGP). En 2020, il a été élu 2e vice-président de la Métropole du Grand Paris. Il est également secrétaire général de l’Association des maires de France (AMF) et président du Conseil supérieur de la fonction publique territoriale (CSFPT).
En mai 2020, il anime notre webinaire Défis & Controverses intitulé "Restauration scolaire : un service public social et incontestable". Retrouvez ici notre article sur ce webinaire.

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