Exception française

Le 06/10/2021

Valorisons une restauration collective responsable et engagée

Pour cette rentrée 2021, entre réchauffement climatique, pass sanitaire et plan de relance ; entre déclarations, enjeux et échéances, tous nos meilleurs voeux vous accompagnent. Nous appelons à la réussite et au succès de chaque salon, événement, programme et autres opérations valorisant les services et les équipes des restaurants collectifs.

Des aides européennes trop peu sollicitées

Comme une incantation, nous souhaiterions que pour cette nouvelle année, nous surfions sur cet engouement des politiques à valoriser une restauration collective responsable, engagée, et que nous tirions les leçons des déboires passés. Espérons que les collectivités trouvent un réel intérêt aux textes votés, à ces mesures centrales, comme le plan de relance, et ne négligent pas les aides européennes, comme le programme européen “Lait et fruits à l’école”.

Rappelons-le, alors que la France fut à l’initiative de ce programme, cette opération a touché seulement 2 % du public cible, les enfants, au cours de l’année scolaire 2019/2020. Face aux autres pays de l’Union, nous sommes le plus mauvais élève, bien loin derrière le Danemark qui touche 13 % de ce public. Les collectivités ont bénéficié de 451 456 € d’aides, par rapport à un budget global de l’Union de plus de 220 millions d’euros par an, moins que Chypre ou Malte. Ces 450 000 € font pâle figure face aux 26 millions d’euros d’aides perçues par les collectivités allemandes, ou les 23 millions d’euros qui ont permis à 97 % des enfants polonais scolarisés de bénéficier de cette initiative.

La cantine à 1 €, singularité française

Pour assurer une alimentation de qualité à destination des enfants, la France se singularise au sein de l’Union en ayant lancé à partir d’avril 2019 son programme de cantine à 1 € et les petits-déjeuners à l’école, dispositif doté de 5 millions d’euros, une action qui « constitue un point d’appui central pour les politiques de santé publique et les politiques de lutte contre la pauvreté », une démarche qui souligne encore une fois le rôle central de la restauration scolaire dans l’Hexagone. « 8 000 élèves de 150 communes rurales » ont profité de cette opération, « soit plus de 220 000 repas servis », se félicite le site de l’Éducation nationale.

Seulement voilà, cette action nationale ne semble pas ravir les maires des 10 000 communes concernées, ceux-là mêmes qui gèrent la restauration scolaire de leur collectivité. Même nos très chers députés paraissent ne pas bien saisir qui gère ce service, à l’instar de Madame la députée de Saône-et-Loire, Josiane Corneloup, qui interpelle le ministre de l’Éducation nationale sur la mise en place d’un projet de cantine à 1 €. Mais depuis quand ce ministère s’occupe-t-il de restauration collective, même si c’est son budget qui abonde ce dispositif ? Cette confusion fait que l’on ne sait plus qui est responsable de quoi en matière de restauration collective et particulièrement en matière de restauration scolaire. N’est-ce pas ce genre de confusion qui fait échouer toutes ces bonnes initiatives ?

Propositions d’une autre cuisine

L'environnement au coeur de la réflexion

Concernant l’environnement et le climat, on constate que de nombreuses collectivités « virent au vert ». Les élus soutiennent et souhaitent développer des achats de proximité, réduire l’impact carbone de l’alimentation locale. Ils évoquent même la question de souveraineté alimentaire territoriale. Les projets alimentaires territoriaux, PAT, se multiplient avec, au coeur des projets, les approvisionnements de la restauration collective. Toutefois, mettre en valeur des achats « aux externalités environnementales positives » n’est pas une mince histoire. C’est même « un véritable casse-tête » comme l’annonce la vidéo de présentation de l’outil Agribalyse - un outil qui permet à l’acheteur public d’améliorer l’impact environnemental de ses achats alimentaires.

Et à l'échelle de l'Europe ?

Alors, à l’heure où l’on prône la reterritorialisation, les relocalisations, n’est-ce pas venu le temps de demander à l’Europe de revoir sa copie concernant la directive des marchés publics de 2014 ? Ne devons-nous pas cesser de récompenser toujours la mise en concurrence, l’uniformisation, l’homogénéisation pour favoriser les économies d’échelle ? Mais est-ce que l’avenir des États européens est de ne plus échanger leurs denrées alimentaires ? Devons-nous conserver jalousement nos spécialités régionales, au plus près des lieux de production ?

La France en avance

Parallèlement, nous commençons à payer de plus en plus cher la qualité alimentaire, celle qui est meilleure pour l’environnement, pour la santé et pour le développement rural, territorial, local. Même si la France est clairement en avance sur la moyenne des États européens, elle doit continuer à impulser des signaux forts à destination de l’Europe. Et beaucoup de choses restent à faire en matière d’accès à une alimentation de qualité pour tous.

 

Photo de Anna Shvets provenant de Pexels

Laurent Terrasson