« Être chef de cuisine sur un bateau, c’est comme être chef d’orchestre »

Le 15/05/2017

C’est l’histoire d’un jeune apprenti traiteur qui devient chef de cuisine sur un cargo. Patrick Beauchet a de belles expériences à raconter. désormais à la retraite, il se donne entièrement à sa passion… l’écriture.

J'ai écrit douze livres et je concocte des recettes pour un journal », dit-il modestement. Des récits et des aventures, il en a plein la tête. Les premiers remontent à ses 14 ans. Ses parents étaient restaurateurs. Il s’oriente, lui, vers une carrière de charcutier-traiteur. « C’est magique ce métier, on ne fait jamais la même chose. Tous les grands chefs sont passés par là ». Après ses débuts chez un traiteur parisien, il part faire son service militaire.
En cuisine, bien sûr. « C’était ma première expérience de restauration collective. Il fallait nourrir 5 000 personnes, midi et soir ». Plus que formatrice, cette étape est même révélatrice pour Patrick Beauchet.

 

 

Chef de cuisine sur le Paquebot “France” 

 

 

 

Le cuisinier part ensuite sur les bateaux. Il navigue quelques années avant de rentrer au port et prendre la tête du restaurant
d’entreprise La Maison du paysan, à Bordeaux. « J’y suis resté pendant deux ou trois ans. On faisait environ 1 000 couverts à chaque service ». Mais Patrick Beauchet a déjà envie de repartir à flot. Sur les cargos cette fois-ci, le haut de gamme de la restauration maritime. « J’ai commencé à laver les gamelles, puis j’ai été promu second de cuisine avant d’être chef ». Du Guadeloupe au Martinique, en passant par le paquebot France, il dirige toute une équipe. « On était 100 cuisiniers à bord. Le chef doit tout coordonner, il a tout en tête, comme un chef d’orchestre ».
Après la navigation et le collectif, Patrick Beauchet revient sur terre, pour prendre le temps de faire sa propre cuisine, dans son restaurant. Il ouvre une table gastronomique à Melles, en Haute-garonne. Le chef peut mettre ses 1 500 recettes (dont 350 de sa propre création) en application. Proche de bon nombre de chefs de renom, il les invite à se succéder à ses côtés.
De la gastronomie à la restauration collective, pour le chef Beauchet, il n’y a qu’un pas. « Le tout, c’est de suivre le rythme du
chef et de travailler en équipe ». Et pourtant, si les grandes tablées restent sans doute ses plus beaux souvenirs, il avoue avoir eu « des
hauts, des bas.Plus il y a de clients, plus la mise en place est simple et sélective. Il est difficile de satisfaire tout le monde », avoue-t-il.
Patrick Beauchet déplore que le monde de la restauration collective sur les cargos ait changé, « et pas dans le bon sens ».
Main d’oeuvre bon marché, contraintes économiques… «On fait tout pour réduire les coûts », constate le professionnel.

 

 

Maire du village et écrivain

 

 

 

Depuis 2008, plus question de faire à manger pour des dizaines ni des centaines de personnes. Juste pour lui, sa famille et ses
amis. Il profite de sa retraite pour mettre sur papier ses expériences marquantes. Il est également maire de sa commune,
Montesquieu-guittaut, en Haute-garonne. Patrick Beauchet est actuellement à l’ouvrage pour immortaliser sa vie de chef cuisinier à bord des cargos. Son livre et ses secrets sortiront, il l’assure, dans quelques mois.

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