CGAAER : Les impacts de la loi EGalim

Le 26/02/2020

Les nouvelles règles à échéance du 1er janvier 2022 de la loi EGAlim ont-elles des impacts budgétaires pour les acteurs de la restauration collective ?, se sont interrogés les experts du CGAAER, François Gerster et Marie-Lise Molinier. Pour eux, il y a une multitude de moyens possibles pour atteindre les objectifs fixés par la loi :

- L’agriculture biologique représente une voie balisée de plus en plus empruntée, avec une production en croissance constante et une marge de progression entre l’objectif de 20 % en 2022 et les 3 % d’approvisionnements à ce jour. Il faut toutefois rester vigilant à la saisonnalité, aux importations et à la logistique.

- La certification environnementale est une voie en construction encore mal connue. Cette voie sera possible s’il y a une implication des filières agricoles et du réseau des chambres d’agriculture, reconnaissant qu’à ce jour, il y a un déficit de communication et d’information sur le sujet.

Les produits sous signes officiel de qualité et d’origine (SIQO), une voie connue mais escarpée. Ces produits sont actuellement peu utilisées, alors que l’objectif est d’environ 30 % en 2022. Il faut rester vigilant aux surcoûts et à la disponibilité de ces produits.

Il y a d’autres voies, mais elles restent difficile d’accès, comme les Ecolabel qui sont peu mis en œuvre, les produits RUP (régions ultra périphériques) pour une démarche très localisée, les produits “Pays” et “Montagne” aujourd’hui non concernés.

Concernant les coûts, François Gerster et Marie-Lise Molinier ont élaboré deux hypothèses partant d’un menu à 5 composantes, celle avec une certification environnementale insuffisante et l’autre suffisante. Dans le premier cas, le surcoût minimal est de l’ordre de 0,40 à 0,46 € (0,25 à 0,31 € pour les établissements scolaires) et 0,14 € et 0,42 € (0 à 0,15 € pour les établissements scolaires) dans le second cas. Pour eux, la mise en place d’un repas par semaine avec diversification des protéines permettrait une économie du coût matières de l’ordre de 0,10 € à 0,37 € par repas, soit 0,02 € à 0,07 € lissé pour un repas diversifié par semaine. Précisant aussi que la mise en place du programme de l’Union européenne à destination des établissements scolaires permet une subvention forfaitaire par portion jusqu’à 4 fois par semaine, amortissant ainsi les surcoûts pour ces établissements. En résumé, pour eux, les surcoûts peuvent être compensé au moins en partie :

- par des économies engendrées par la lutte contre le gaspillage alimentaire, la révision des grammages mieux adaptés aux besoins, une révision de l’organisation des approvisionnements, si l’on s’assure que ces économies profitent bien à l’amélioration des approvisionnements en produits durables et de qualité.

- par une politique d’investissement dans le secteur pour des nouvelles structures de cuisines centrales et des légumeries,

- par l’utilisation des aides qui peuvent être mobilisées : “Lait et fruits dans les écoles”, appel à projet du Fonds Avenir Bio, programme de développement régional (FEADER), aides des collectivités territoriales, projets alimentaires territoriaux (PAT), et Grand plan d’investissement (GPI).

En conclusion, les objectifs pourront être atteints pour certains mais pas pour tous, car l’échéance 2022, c’est demain !

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