Une initiative audacieuse et efficace a émergé dans le cadre du Plan France Relance, portée par la Direction régionale et interdépartementale de l’hébergement et du logement d’Île-de-France (DRIHL IDF).
Cette action, menée par l’association Cantines Responsables et l’Agence nouvelle des solidarités actives (Ansa), vise à mobiliser les services de restauration collective pour lutter contre la précarité alimentaire en France.
L'expérimentation lancée en 2021 a établi des partenariats locaux entre les sites de production de repas de restauration collective et les lieux d'aide alimentaire sur trois territoires franciliens. Cette approche novatrice s’est appuyée sur les retours d'expériences issus de la crise sanitaire de 2021-22, où l'analyse de 12 territoires ayant mis en place des initiatives similaires a livré des enseignements précieux.
En 2022-23, des expérimentations locales ont été lancées à Gennevilliers et Nanterre, avec une analyse approfondie d'un dispositif existant à Massy. Les résultats, issus d'une évaluation d'impact menée en 2023, sont encourageants et soulignent l'efficacité de cette approche.
Les principaux points à retenir de cette expérience sont les suivants :
1. Un taux de satisfaction élevé : Les usagers ont exprimé un taux de satisfaction de 79 à 100% concernant les repas, soulignant ainsi l'appréciation de la qualité des repas.
2. Une meilleure alimentation pour les usagers : Les repas ont contribué à améliorer l'alimentation des usagers en diversité et en qualité, offrant des produits frais même avec un budget alimentaire restreint.
3. Un rôle social renforcé de l'alimentation : La convivialité et le partage du repas sont devenus des éléments essentiels, renforçant le rôle social de l'alimentation.
4. Des partenariats mobilisateurs : Les partenariats ont permis des économies pour les structures d'accueil, tout en offrant des aliments sains et diversifiés, améliorant ainsi l'accueil des usagers.
Cependant, malgré ces résultats positifs, des défis subsistent. La mobilisation des acteurs sur les territoires a été compliquée. Les structures de restauration collective ont dû faire face à des complexités logistiques et à des défis liés aux ressources humaines ainsi qu’à l’inflation.
Et comme il s’agit ici d’un plaidoyer pour une généralisation et une expansion de cette initiative prometteuse, voici sept recommandations pour y parvenir :
1. Développer un plaidoyer basé sur la preuve : Faire connaître cette expérimentation dans des instances de la restauration collective au niveau local, régional, et national.
2. Impliquer les acteurs institutionnels locaux : Favoriser l'interconnexion entre acteurs du champ social et de l'alimentation avec l'implication des Villes (CCAS) et des élus.
3. Repérer les acteurs locaux : Identifier les acteurs capables de recevoir et distribuer des repas issus de la restauration collective.
4. Mobiliser une double ingénierie en mesure de mettre en lien les acteurs de l’aide alimentaire et ceux des restaurations collectives, documenter et évaluer les projets.
5. Soutenir les acteurs intermédiaires « antigaspi » : Favoriser les acteurs capables d'apporter une expertise logistique sur la gestion des invendus et la distribution de repas.
6. Mobiliser les Programmes Alimentaires Territoriaux (PAT) : Utiliser les PAT et le programme Mieux Manger Pour Tous pour lever les freins financiers et donner à la Ville un rôle de porteur et financeur du projet.
7. Rappeler l'obligation du don : Souligner l'importance du don alimentaire pour toutes les structures produisant plus de 3000 repas par jour.
Ainsi la mobilisation des services de restauration collective pour lutter contre la précarité alimentaire est non seulement possible, mais elle offre également des atouts significatifs pour les usagers et pour les structures impliquées.
Il nous faut saisir cette opportunité pour créer un impact positif à grande échelle et garantir que personne, et en particulier les plus vulnérables ne soient laissés pour compte dans notre société.